DeepSeek, une jeune technologie chinoise d’intelligence artificielle (IA) open source, connaît une adoption mondiale remarquable en l’espace de quelques mois. Lancée fin 2024, cette plateforme a rapidement conquis des utilisateurs bien au-delà de la Chine.
Elle compterait déjà des dizaines de millions d’utilisateurs actifs chaque jour dans le monde.
Son assistant conversationnel gratuit a même atteint le sommet des classements d’applications mobiles aux États-Unis : en janvier, l’app DeepSeek est devenue l’application gratuite numéro 1 sur l’App Store d’Apple, détrônant ChatGPT.
Quelques jours plus tard, sa version Android s’est hissée en tête du Google Play Store américain.
Depuis son lancement mi-janvier, l’application a été téléchargée plus de 1,2 million de fois sur Android et 1,9 million de fois sur iPhone dans le monde – des chiffres qui pourraient être sous-estimés, le Play Store indiquant déjà plus de 5 millions d’installations de DeepSeek sur Android.
Cette adoption internationale s’étend bien au-delà de la sphère grand public. DeepSeek se distingue par sa disponibilité multiplateforme, ce qui facilite son intégration aux quatre coins du globe.
Le service est proposé sur application mobile, via une interface web et même en API pour les développeurs.
Ainsi, particuliers, entreprises et communautés tech de différents pays peuvent aisément accéder à l’IA. En Chine bien sûr, où l’application est plébiscitée, mais aussi aux États-Unis et dans d’autres régions, DeepSeek s’impose comme un phénomène mondial de l’IA open source.
Son ascension fulgurante démontre l’engouement pour des alternatives ouvertes aux modèles propriétaires occidentaux.
Le soutien des géants technologiques
Symbole de son succès, DeepSeek reçoit l’appui de grandes entreprises technologiques à travers le monde.
En Chine, les poids lourds du secteur n’ont pas tardé à embarquer cette IA prometteuse : par exemple, Huawei a intégré les modèles de DeepSeek dans son cloud Ascend, en partenariat avec la start-up SiliconFlow, afin de rendre l’IA plus abordable et accessible sur ses propres puces.
Alibaba Cloud a suivi le mouvement en lançant à son tour des services basés sur DeepSeek via son portail PAI – y compris différentes versions du modèle R1 de DeepSeek – pour permettre à ses clients de déployer facilement cette IA sans écrire une ligne de code.
Ces intégrations locales renforcent l’écosystème chinois de l’IA et illustrent la volonté de Pékin de promouvoir des solutions nationales performantes.
Le phénomène DeepSeek dépasse toutefois les frontières de Chine : les principaux fournisseurs de cloud occidentaux l’ont également adopté. Aux États-Unis, les trois géants du cloud – Amazon Web Services, Microsoft Azure et Google Cloud – proposent d’ores et déjà DeepSeek à leurs clients sur leurs plateformes.
Même certaines start-up innovantes misent désormais sur cette technologie : par exemple, la jeune pousse américaine Perplexity AI, spécialisée dans les agents conversationnels, a commencé à intégrer DeepSeek dans ses services, tout comme Gloo, la nouvelle entreprise de l’ex-PDG d’Intel Pat Gelsinger.
Ce soutien diversifié, allant des titans du secteur aux nouveaux acteurs, démontre l’enthousiasme de l’industrie pour DeepSeek et accélère encore sa diffusion à l’échelle mondiale.
Les clés du succès de DeepSeek
Si DeepSeek suscite un tel engouement, c’est grâce à ses atouts technologiques et à son modèle atypique. D’abord, il s’agit d’une IA open source : son code est librement accessible et modifiable par la communauté.
La version initiale de son modèle de raisonnement, DeepSeek-R1, a été publiée sous licence MIT, autorisant une utilisation commerciale sans restrictions.
Cette ouverture tranche avec l’approche fermée des modèles propriétaires des géants occidentaux, et favorise une amélioration continue par des contributions externes.
En démocratisant l’accès à une IA avancée, DeepSeek a su fédérer développeurs indépendants, chercheurs et entreprises autour de son écosystème collaboratif.
Ensuite, DeepSeek brille par son efficacité et son faible coût, deux arguments de poids dans le contexte actuel.
Ses concepteurs affirment avoir développé leur modèle avec moins de 6 millions de dollars d’investissement – une somme dérisoire au regard des budgets colossaux de ses rivaux (il aurait fallu plus de 100 millions de dollars pour entraîner GPT-4 d’OpenAI).
Cette frugalité s’explique par des choix innovants : l’équipe de Hangzhou a optimisé l’architecture de façon à réduire les besoins en puissance de calcul. DeepSeek requiert bien moins de ressources matérielles que les IA concurrentes tout en offrant des performances comparables.
En effet, malgré des moyens limités et l’utilisation de puces moins avancées que celles de Nvidia généralement employées en Occident, le modèle DeepSeek-V3 rivalise, selon les tests, avec les meilleurs systèmes du moment – capable de tenir tête aux ChatGPT (GPT-4) d’OpenAI ou Claude 2 d’Anthropic sur de nombreuses tâches.
Ce rapport performance/coût exceptionnel, associé à la gratuité et à l’accessibilité de la solution, explique pourquoi DeepSeek attire autant l’attention des acteurs du secteur.
Il convient de noter que ce succès s’accompagne de débats quant à son origine.
DeepSeek étant une technologie chinoise, des questions de souveraineté et de sécurité des données sont soulevées par certains observateurs occidentaux – les lois en vigueur en Chine pouvant obliger les entreprises à partager des informations avec Pékin.
Ces préoccupations n’ont toutefois pas ralenti l’essor de DeepSeek à ce jour. Fort de son modèle open source performant et économique, soutenu par les géants de la tech, DeepSeek s’impose comme un nouvel acteur mondial de l’IA.
Son expansion rapide illustre la montée en puissance de la Chine dans la course à l’intelligence artificielle, tout en ouvrant la voie à une IA plus ouverte, accessible et collaborative au bénéfice d’un public mondial.